L’Algérie au pays des merveilles Propulsée pour la première fois de son histoire au-delà de la phase de poules en Coupe du monde, l’Algérie veut faire durer le plaisir, avec un fameux remake contre l’Allemagne à venir, et un rêve en perspective : jouer la France en quarts de finale ! C’est une marée humaine qui a gagné les rues en liesse d’Alger ou d’Oran, mais aussi à Paris, Lyon ou Marseille. La qualification historique des Fennecs pour les 8es de finale, a réveillé un fort sentiment de fierté au pays et en France. Même au Brésil, les supporters ont mis une ambiance extraordinaire. Sans les insupportables débordements qui ne doivent jeter le discrédit que sur ceux qui les commettent, ce serait l’Algérie au pays des merveilles. Une fable merveilleuse. « Leur force est collective » Alim Ben Mabrouk, ex-international algérien Dans l’attente du grand rendez-vous de lundi à Porto Alegre (22 h), face à l’Allemagne, en 8es de finale, 32 ans de frustrations en Coupe du monde se sont envolés d’un seul coup. En 1982, en Espagne, l’Algérie avait réussi à battre l’Allemagne de l’Ouest (2-1), avant d’être éliminée sur un résultat d’entente réciproque entre Allemands et Autrichiens. En 1986, au Mexique, l’Algérie s’était un peu sabordée elle-même, alors qu’elle n’était pas si mal placée. Enfin, en 2010, en Afrique du Sud, elle sortit sans avoir marqué un but. Ancien joueur de Lyon et du Racing Paris, Alim Ben Mabrouk, affirme que les Fennecs n’étaient pas aussi soudés en 1986. « A notre époque, les rivalités entre les pros jouant en Europe et le noyau des joueurs qui venaient d’Algérie, nous ont pénalisés alors qu’on avait peut-être la meilleure équipe que le pays ait jamais eue. » Après un nul contre l’Irlande, l’Algérie avait craqué sur un but en fin de match face au Brésil (0-1). Des règlements non honorés par la Fédération, l’avaient alors conduit lui et quelques autres à mener un mouvement de contestation. « Finalement, ils ont réglé ce qu’ils nous devaient, mais décidé de nous écarter. La défaite (0-3) nous avait éliminés » rappelle Ben Mabrouk. Si d’autres pays africains font encore parler d’eux pour ce type de tensions (Cameroun, Ghana, Nigeria…), l’Algérie de 2014 affiche une toute autre solidarité. Vahid Halilodzic, le sélectionneur, s’est bien hérissé face aux médias récemment, mais une forme de paix sociale s’est engagée. « L’Algérie possède des joueurs qui évoluent presque tous en Europe », ajoute Ben Mabrouk. « Il y a moins de polémiques. Seule la non-sélection de Boudebouz a fait parler à l’annonce de la liste », souligne-t-il, insistant sur la force collective de la sélection. « Ce sera très dur contre l’Allemagne, mais l’Algérie n’a rien à perdre. Et puis, il peut y avoir derrière un France-Algérie, et on ne veut pas s’interdire d’en rêver. On a le mauvais souvenir du match arrêté au Stade de France, de ces débordements qu’il faut condamner, mais on pourrait avoir une fête extraordinaire, un vrai symbole », conclut-il. Les Bleus et les Fennecs savent ce qu’il leur reste à faire. De nombreux supporters algériens étaient présents dans les rues ce jeudi pour fêter la qualification des Fennecs. Photo Joël Philippon De notre envoyé spécial à Ribeirao Preto Jean-François Gomez |